6 décembre 2016

6 décembre: Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes

Silhouettes of people with disabilities looking at a dawn

Témoignage à l’occasion de la journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes

Madame Julie Sanfaçon est une survivante, victime d’une agression sexuelle, qui a choisi de témoigner aujourd’hui le 6 décembre afin qu’aucune victime ne soit oubliée ou ignorée. Elle témoigne du manque de ressources d’accompagnement et de soutien pour les victimes en situation de handicap. La violence systémique est une résultante d’un manque d’accessibilité des services d’aide et d’accompagnement.

Madame Sanfaçon témoigne au nom du Réseau d’action des femmes handicapées du Canada.

 

“Je m’appelle Julie Sanfaçon et je suis une femme vivant avec une déficience visuelle. Je désire partager avec vous les expériences que j’ai vécues lors du processus de dénonciation d’une agression sexuelle dont j’ai été victime en novembre 2015.

Lors de ma première déposition à la police, et ce, malgré un malaise que j’avais exprimé au policier, j’ai été contrainte de lui parler dans un endroit n’offrant aucune confidentialité : devant un kiosque de renseignements, dans le hall d’entrée de la station. Je me suis sentie mise à nu, contrainte de dévoiler les détails humiliants d’un acte criminel pendant lequel un agresseur s’est violemment approprié quelque chose qui ne lui appartenait pas : mon intimité. J’ai été victimisée et humiliée lors de l’agression et à nouveau victimisée, dans mon intimité, lors de sa divulgation. Je suis ressortie blessée et désorientée de cette expérience.

Le lendemain, j’ai eu besoin d’appui, car j’étais seule, malheureuse, traumatisée et sans ressources. J’ai alors été ballotée d’un service à un autre. Raconter l’acte criminel encore et encore à des personnes inconnues, dont des hommes, m’a fait sentir sale et, de plus, comme si ce que j’avais vécu n’était pas vraiment important.

Presque un an, jour pour jour, après l’agression, j’ai appris qu’il n’y avait pas eu d’enquête et qu’il n’y en aurait pas. Mon agresseur n’a été ni questionné ni averti de ne pas entrer en contact avec moi – chose qu’il a d’ailleurs fait. J’ai senti que j’avais fait et enduré tout cela pour rien. Je me sens impuissante et je vis dans la peur, car j’ai appris que l’agresseur était récemment de passage à Montréal.

J’ai été brisée par ce processus : blessée pendant l’acte criminel, blessée lors de sa divulgation et blessée par cette finale vide de sens pour moi – et je vis dans la terreur d’être victimisée à nouveau. Malheureusement, nous sommes encore trop nombreuses à subir cette violence systémique secondaire;  il est temps pour que toutes les femmes et les filles notamment celles vivant en situation de handicap, puissent accéder à des ressources fiables et adaptées à leurs besoins.”