6 décembre: Journée nationale de commémoration et daction contre la violence faite aux femmes
Témoignage à loccasion de la journée nationale de commémoration et daction contre la violence faite aux femmes
Madame Julie Sanfaçon est une survivante, victime dune agression sexuelle, qui a choisi de témoigner aujourdhui le 6 décembre afin quaucune victime ne soit oubliée ou ignorée. Elle témoigne du manque de ressources daccompagnement et de soutien pour les victimes en situation de handicap. La violence systémique est une résultante dun manque daccessibilité des services daide et daccompagnement.
Madame Sanfaçon témoigne au nom du Réseau daction des femmes handicapées du Canada.
Je mappelle Julie Sanfaçon et je suis une femme vivant avec une déficience visuelle. Je désire partager avec vous les expériences que jai vécues lors du processus de dénonciation dune agression sexuelle dont jai été victime en novembre 2015.
Lors de ma première déposition à la police, et ce, malgré un malaise que javais exprimé au policier, jai été contrainte de lui parler dans un endroit noffrant aucune confidentialité : devant un kiosque de renseignements, dans le hall dentrée de la station. Je me suis sentie mise à nu, contrainte de dévoiler les détails humiliants dun acte criminel pendant lequel un agresseur sest violemment approprié quelque chose qui ne lui appartenait pas : mon intimité. Jai été victimisée et humiliée lors de lagression et à nouveau victimisée, dans mon intimité, lors de sa divulgation. Je suis ressortie blessée et désorientée de cette expérience.
Le lendemain, jai eu besoin dappui, car jétais seule, malheureuse, traumatisée et sans ressources. Jai alors été ballotée dun service à un autre. Raconter lacte criminel encore et encore à des personnes inconnues, dont des hommes, ma fait sentir sale et, de plus, comme si ce que javais vécu nétait pas vraiment important.
Presque un an, jour pour jour, après lagression, jai appris quil ny avait pas eu denquête et quil ny en aurait pas. Mon agresseur na été ni questionné ni averti de ne pas entrer en contact avec moi chose quil a dailleurs fait. Jai senti que javais fait et enduré tout cela pour rien. Je me sens impuissante et je vis dans la peur, car jai appris que lagresseur était récemment de passage à Montréal.
Jai été brisée par ce processus : blessée pendant lacte criminel, blessée lors de sa divulgation et blessée par cette finale vide de sens pour moi et je vis dans la terreur dêtre victimisée à nouveau. Malheureusement, nous sommes encore trop nombreuses à subir cette violence systémique secondaire; il est temps pour que toutes les femmes et les filles notamment celles vivant en situation de handicap, puissent accéder à des ressources fiables et adaptées à leurs besoins.