25 octobre 2013

Série de blogue pour le mois d'octobre

Image d'Isabelle Ducharme

Comme beaucoup de femmes, dans ma vie j’ai pris le dépistage du cancer un peu à la légère. Même avant mon accident qui m’a rendue tétraplégique, mes rendez-vous chez le gynécologue étaient souvent trop espacés parce que je voulais éviter l’inconfort de l’examen. Je me disais que j’étais trop jeune pour avoir un cancer de toute façon! La vie me prouvera le contraire.

À trente-trois ans, j’ai reçu un faux diagnostic d’infection de vessie par un médecin des services de l’urgence de l’hôpital. Je me suis présentée avec des douleurs abdominales, un ventre extrêmement enflé et des sueurs qui ne cessaient de m’incommoder depuis quelques semaines. On m’a vite diagnostiqué une infection de la vessie en expliquant que c’était fréquent chez les tétraplégiques. J’ai eu beau dire qu’après 11 ans je connaissais mon corps et je savais les symptômes d’une infection et les symptômes que j’avais actuellement n’avait rien à voir, on m’a renvoyée à la maison avec une prescription d’antibiotiques que je n’ai jamais pris d’ailleurs.

Quelques mois plus tard un gynécologue a découvert une masse cancéreuse de la grosseur d’un pamplemousse attachée à mon ovaire. Je n’ai pas fait de traitement de chimiothérapie ou radiothérapie, faute de statistique sur le rare cancer que j’avais et en prévention des effets secondaires sur ma condition physique. On a opté pour des suivis préventifs plus réguliers.

Je ne suis pas complètement rassurée pour autant. Je n’ai pas trouvé d’endroit pour avoir un examen complet sans complication. Il faut toujours que je me déplace avec un accompagnateur physiquement capable d’aider au transfert. Par contre, j’ai compris l’importance de la prévention et, malgré les inconvénients, effectue les suivis comme recommandés.

Ma recommandation personnelle à toutes les femmes est de poursuivre les rendez-vous médicaux comme recommandés. Ma recommandation aux professionnels de la santé serait de mieux adapter les services. L’objectif ultime serait d’obtenir des services adaptés à nos besoins, peu importe notre condition physique, mais une première étape serait déjà de pouvoir identifier les endroits où c’est possible. Pour un service adapté, il faudrait au minimum un accès au lieu, un endroit pour se changer et aller à la toilette sans obstacle et une table d’examen ajustable. Une formation de sensibilisation à la réalité des personnes handicapées pour le personnel serait un plus.

Isabelle Ducharme,

Femme engagée, présidente du conseil d’administration de Kéroul