Polytechnique : 25 ans plus tard, un devoir de mémoire mais aussi un devoir de reconnaitre
Reconnaissant que les femmes et les filles handicapées courent souvent, dans leur famille comme à lextérieur, des risques plus élevés de violence, datteinte à lintégrité physique, dabus, de délaissement ou de défaut de soins, de maltraitance ou dexploitation Extrait de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.
Souvenons-nous collectivement quun 6 décembre 1989, 14 jeunes femmes ont vu leur vie, leurs rêves et leurs espoirs prendre fin subitement au nom dune haine mysogine appelant une violence extrême. Rappelons-nous surtout quen cette veille du 6 décembre 2014, les femmes sont encore victimes de violence quels que soient : leur origine, leur statut, leur âge, leur handicap, leur religion ou leur orientation sexuelle.
25 ans après Polytechnique, DAWN-RAFH Canada constate quil est encore difficile de briser le silence, de lever le tabou sur certaines réalités. Les femmes vivant en situation de handicap et les femmes Sourdes sont, elles aussi, victimes de violence parce quelles sont des femmes.
OUI, cette violence existe et perdure. Oui les femmes qui la subissent sont : des femmes aînées, des femmes immigrantes ou racisées et des jeunes filles, mais un lien les unit toutes, elles vivent toutes une situation de handicap, sont isolées, vivent leur douleur derrières des portes closes sans penser quil est possible de sen sortir. Les violences que subissent les femmes vivant en situation de handicap et les femmes Sourdes sont nombreuses, différentes et souvent très sournoises, mais elles font toutes MAL !
Une question qui revient souvent sur toutes les lèvres : pourquoi les femmes ne dénoncent-elles pas ces violences? La question se poserait aussi dans le cas des femmes vivant en situation de handicap. Les réponses sont nombreuses et différentes, bon nombre de spécialistes peuvent nous enrichir de différentes façons sur les raisons. Mais pourquoi ne pas se poser la question différemment : quavons-nous fait, en tant que société, pour permettre aux femmes victimes de dénoncer et de se sentir soutenues et protégées?
Combien de fois avons-nous entendu parler dune femme vivant en situation de handicap ou une femme Sourde abusée, battue ou agressée ? JAMAIS, vous-êtes-vous déjà demandé pourquoi? Est-ce lignorance, le mépris, le tabou, la peur?
Il existe plusieurs raisons mais les plus connues sont simples :
La peur, oui, les victimes ont peur de dénoncer, elles craignent de paraitre peu ou pas crédibles aux yeux des différentes instances censées leur venir en aide. Elles ont peur de se heurter à des préjugés pouvant les stigmatiser plus quelles ne le sont déjà. Elles sont souvent dépendantes de leur agresseur. Le manque daccès aux différents services juridiques, policiers ou dhébergement sont parmi les obstacles importants qui limitent toute action entreprise par la victime. Le manque dinformation et de sensibilisation fait en sorte que souvent les victimes ne reconnaissent pas les différents visages de la violence. Constat : ces victimes ne sont pas soutenues !
Le tabou : il est difficile de croire quune femme vivant en situation de handicap ait pu être agressée ou abusée et pourtant Nous ne pouvons plus nous permettre quelles soient laissées pour compte et que la responsabilité de se sortir de ce cycle de violence dans lequel elles vivent leur incombe à elles seules! Les rendre responsables de ces situations de violence cest les victimiser doublement !
Nous avons choisi, au Québec, dêtre une société égalitaire, il est important que nous soyons aussi inclusifs. Nous avons un devoir collectif afin déliminer toutes formes de violence faites à toutes les femmes.
Pour donner la chance aux victimes dêtre écoutées, DAWN-RAFH Canada encourage donc toutes les femmes vivant en situation de handicap et les femmes sourdes à partager leurs histoires de violence et dabus via Twitter en utilisant le mot clic #dénonçonslesabus ou par email communications@dawncanada.net.
Les témoignages seront postés dans le site web de lorganisation avec la permission des contributrices. Jai choisi de partager ma propre histoire de violence sexuelle pour encourager les autres femmes à rompre le silence, et à revendiquer notre droit dêtre écoutées et dêtre crues, précise Madame Brayton, Directrice exécutive Nationale de DAWN-RAFH Canada.
DAWN-RAFH Canada est un organisme national, féministe, de promotion des femmes handicapées, dont la mission est de mettre fin à la pauvreté, à lisolement, à la discrimination et à la violence que connaissent les femmes handicapées au Canada
Un message de Selma Kouidri
Coordonnatrice dinclusion pour le Québec
Veuillez trouver ci-dessous le lien vers lentrevue de Madame Selma Kouidri sur les ondes de Canal M (radio vues et voix):