30 octobre 2018

Mois de l'histoire des femmes 2018: Maria Barile (1953-2013)

 

 

Octobre, le mois choisi par Condition féminine Canada pour célébrer les femmes, Toutes les femmes ! Il était donc évident que nous serions de celles qui célèbreront des grandes pionnières tout en célébrant leurs grandes réalisations.

Pour ce faire, nous voulons célébrer l’héritage de Maria Barile (1953-2013). Une des grandes dames qui a façonné la trame du mouvement des personnes handicapées et celui des femmes à sa manière. Avec sa voix et surtout sa plume, elle a réussi à faire bouger de nombreuses barrières. Son implication et son travail depuis plus de 30 ans dans ces mouvements, au Canada et au Québec, a eu un impact considérable sur l’avancement de ces groupes souvent en situation de vulnérabilité.

Dès son arrivée au Québec en 1963, à l’âge de 11 ans, Maria Barile avait compris qu’elle devait prendre sa place et que rien ne lui sera facile. Elle a été un modèle témoignant que le handicap ne pouvait limiter l’ambition et l’avancement. Elle aura été celle par qui le changement pour de centaines de femmes handicapées a été possible.

« Grâce à Maria, nous sommes des centaines d’autres femmes handicapées en train de continuer le travail.  C’était elle qui les a soutenues et inspirées. Grâce à Maria, des organismes des personnes handicapées, et des organismes d’état ont dû faire face à une vraie implication des femmes handicapées. Grâce à Maria, des filles aujourd’hui vivent leur handicap pleinement sans s’excuser.   Quand une femme ou une fille handicapée est victime de violence, dans les institutions ou dans sa famille, elle a maintenant plus d’écoute et de services qu’elle aurait eus avant.  Maria était un vrai catalyseur du changement social, » la décrit Sujata Dey, responsable de la campagne sur le commerce international au Conseil des Canadiens.

Ayant dénoncé haut et fort toutes les formes de violence et de discrimination envers les personnes handicapées surtout les femmes, elle aura contribué grandement à briser le silence assourdissant sur cette réalité. La violence et la maltraitance parfois institutionnalisées ne pouvaient être ignorées. Elle en a fait son cheval de bataille et n’avait ménagé aucun effort pour que cesse ces violences. Elle a été l’une des premières voix à affirmer que la sécurité des femmes en situation de handicap passait systématiquement par l’accès à l’éducation et l’acquisition de leur autonomie financière. Elle était une icône incontestable de la lutte pour les droits des femmes et des personnes handicapées au Québec et au Canada.

Maria Barile détenait une maitrise en Sciences sociales. Étant passionnée de justice sociale et grande défenderesse des droits, il était évident pour elle que se spécialiser en travail social lui permettrait de mieux servir sa communauté et la société en général, et ce, en travaillant auprès des plus démunis et ceux et celles vivant en situation de vulnérabilité.

Maria Barile a été une vraie actrice du changement. Depuis le début des années 80, elle s’est impliquée activement dans différents mouvements de défense des droits, mais aussi dans de multiples actions porteuses du changement. Elle a été la première femme à mettre sur pied, au Collège Dawson, le premier groupe de soutien pour les étudiants handicapé-es. Déjà, elle n’attendait pas que l’on adapte les environnements, elle créait des environnements adaptés et inclusifs. 

 « Les changements sociaux ne se font pas en suivant les mêmes structures qui excluent les gens, mais plutôt en les remplaçant par des structures plus égalitaires.» Maria Barile

Elle était à l’avant-garde dans sa vision du militantisme et de la lutte pour les droits humains. Il n’a pas été étonnant de la voir faire partie d’un groupe important ayant fondé DAWN Canada et par la suite Action des femmes handicapées de Montréal (AFHM). Elle a aussi cofondé et codiriger ADAPTECH, un laboratoire de recherche sur la technologie adaptée et l’éducation. Elle a été l’une des chercheures les plus actives au sein de ce laboratoire.

Maria Barile aimait à dire que la militante en elle s’est imposée le jour où elle a décidé de poursuivre ses études secondaires par correspondances. Le jour où le Centre MacKay (école pour malentendant) lui avait signifié à l’âge de 21 ans, qu’elle avait atteint sa limite de scolarisation. Cette période marquait le début d’un long parcours atypique souvent parsemé de petites victoires, de grands défis, de nombreux obstacles mais d’une grande détermination qui a permis une grande prise de conscience collective.

« Premièrement  Maria était une rassembleuse. On se reconnaissait en elle. On voulait travailler avec elle pour réaliser des projets afin que les femmes handicapées se sentent incluses dans la société. » a dit Louise Baron, conseillère à Action Autonomie.

Enfin, Maria Barile est parmi ceux et celles qui ont ouvert la voie. Il est important que nous puissions nous souvenir mais surtout que nous poursuivions sur cette même voie en ajoutant nos voix et nos actions. Son héritage est pour toute personne qui aspire à une justice sociale, une participation citoyenne libre et entière et une inclusion sociale et économique pour toutes et tous une source intarissable de courage, de persévérance et d’actions porteuses à faire connaître.

 

Selma Kouidri - Coordonnatrice d'inclusion pour le Québec - DAWN Canada

Récipiendaire de l'édition 2014 de la Bourse de recherches de la flamme du centenaire