Léquité pour atteindre légalité
Encore cette année, de nombreuses organisations soulignent la journée internationale de la femme. Dans chaque pays cette journée revêt un aspect particulier, dépendamment de la condition et de lévolution des droits des femmes. Au Québec et au Canada, de nombreuses femmes et filles seront appelées à considérer la situation de leurs droits, de leur place dans la société et surtout des acquis en terme dégalité femmes-hommes. Beaucoup verront que ce mythe de légalité de fait reste toujours un mythe. Que rien ne démontre que cette égalité a bien été atteinte ou en voie de lêtre. Les femmes et les filles en situation de handicap ne sont pas en reste. Elles aussi auront cet exercice à faire. Sauf que pour elles, il sera surtout difficile de parler dacquis, il sera difficile de parler dégalité sans introduire léquité. Elles pourront peut-être plus parler de luttes qui débutent ou qui se poursuivent !
Nous pourrons énumérer longtemps tous les domaines où les femmes et les filles en situation de handicap sont laissées pour compte. De nombreux rapports au niveau national et international nous démontrent à quel point ces femmes sont invisibles au sein de leur communauté. Pourtant, elles ont un apport considérable dans le développement social et économique. Mais parce quelles sont en situation de handicap, cet apport est souvent minimisé. Nos instances décisionnelles les ont souvent considérées comme des citoyennes de seconde zone. En appliquant le principe de mise en tutelle, grâce à des programmes limitant leur participation sociale, nos gouvernements perpétuent linégalité des droits et des chances et perpétuent le mythe du privilège et de la charité.
Les femmes en situation de handicap aspirent à une meilleure égalité, elles voudraient elles aussi célébrer avec toutes les autres femmes. Elles aimeraient elles aussi léguer des acquis et des victoires à leurs filles.
Nous voici encore en 2017 à rappeler le mythe de légalité des chances et des droits de toutes les femmes. Nous voici encore à constater que lexclusion est le lot des femmes et des filles en situation de handicap. Nous voici encore à rappeler que sous nos gouvernements et leurs politiques daustérité, elles sont les premières à subir les inégalités sociales et la pauvreté. Elles sont les premières à voir sériger des obstacles pour un accès équitable aux programmes et services, au marché du travail, au système de justice, etc.
Rappelons-nous en ce 8 mars 2017, en tant que société qui se veut égalitaire, quune tranche importante de nos concitoyennes ne célébreront pas leurs acquis ni leurs victoires. Rappelons-nous quune partie de notre société vit encore dans la pauvreté et lexclusion. Rappelons-nous quelles sont encore trop nombreuses à vivre des situations de violences, dabus et de maltraitance. Rappelons-nous quelles sont des femmes à part entière et quelles aspirent au respect et à la dignité. Rappelons-nous quelles sont partie prenante de notre société qui se veut égalitaire mais qui devra penser à être surtout équitable pour ensuite atteindre légalité.
Profitons ensemble de cette journée pour crier haut et fort notre solidarité pour toutes les femmes. Nous devons toutes réclamer léquité pour atteindre légalité de fait entre toutes les femmes et les hommes.
À toutes celles qui ne se voient pas comme faisant partie de cette collectivité, vous nêtes pas seules. Nous sommes toutes solidaires avec vous et que cette journée soit le symbole du soutien pour celles poursuivant les luttes.
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Selma Kouidri
Coordonnatrice dinclusion pour le Québec