28 octobre 2020

#JusticePourJoyce

 

Où et quand il y a une injustice, il est important que nous la dénoncions, la confrontions. Là où il y a maltraitance d'un autre être humain et violation de ses droits humains fondamentaux, ne l'ignorons pas.

#JoyceEchaquan #IndigenousLivesMatter

 

 

Crédit: Nelly Bassily

 

 

Joyce Echaquan, une femme atikamekw de 37 ans et mère de sept enfants, est décédée lundi 28 septembre 2020 après avoir été admise à l'hôpital de Joliette pour des douleurs à l'estomac deux jours auparavant. Avant sa mort, elle a réussi à diffuser une vidéo Facebook Live qui a capturé le personnel infirmier en train de proférer des insultes racistes et vitrioliques. L'une des infirmières, censée être là pour s'occuper de Joyce, a été enregistrée en disant "c'est mieux mort ça" alors que Joyce se tordait de douleur à côté d’elle.

Joyce Echaquan avait des problèmes de santé cardiaque chroniques et, à cet effet, avait un pacemaker. Elle savait également qu’on ne devait pas lui administré de la morphine car elle était allergique à la morphine, tel qu’indiqué dans son dossier médical et sur le bracelet d'allergie qu'elle portait. Néanmoins, le personnel médical lui a tout de même injecté un mélange de morphine (un médicament analgésique) et d'Ativan (un médicament anxiolytique). Dans les instants qui ont précédé sa mort, on peut entendre Joyce dire en Atikamekw via son enregistrement Facebook Live: « Sortez-moi d'ici, car ils me donnent beaucoup de médicaments ».

Nos cœurs se brisent pour la famille, les ami-es et la communauté de Joyce Echaquan.

Malheureusement, à maintes reprises, les femmes autochtones en situation de handicap ce font souvent refusées les soins dont elles ont besoin et ne sont pas prises au sérieux par les professionnels de la santé. Au croisement du racisme systémique, du capacitisme, du sexisme et du colonialisme en cours, le complexe médical-industriel est mortel pour de nombreuses personnes autochtones.

L'an dernier, la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec : écoute, réconciliation et progrès a publié un rapport dans lequel le juge et commissaire Jacques Viens concluait qu ‘« il me semble impossible de nier la discrimination systémique dont sont victimes les membres des Premières Nations et les Inuit dans leurs relations avec les services publics ayant fait l’objet de l’enquête ». Le Commissaire Viens écrit également dans le rapport qu'à la lumière des nombreux témoignages de citoyens, les préjugés contre les peuples autochtones restent très répandus dans l'interaction entre les soignant-es et les patient-es. La Commission Viens a lancé 142 appels à l'action, dont l'appel pour que les peuples autochtones se sentent en sécurité sur le plan culturel lorsqu’elles et ils accèdent à des services publics.

Même si une infirmière et une préposée aux bénéficiaires de l'hôpital de Joliette ont été congédiées et que trois investigations et une enquête publique ont été lancées, cela ne suffit pas. La réaction du premier ministre du Québec, François Legault, à la mort de Joyce, donne l’impression que les infirmières et les proposées aux bénéficiaires dans ce cas ne sont que quelques « pommes pourries » dans le système. Le refus de M. Legault de reconnaître le racisme systémique anti-autochtone et la discrimination expose les femmes autochtones en situation de handicap à un risque encore plus grand, et pas seulement dans le système médical. Le racisme anti-autochtone imprègne la vie quotidienne et conduit plus largement aux discriminations, à l'instabilité et à l'insécurité liées au logement, à l'éducation, à l'emploi, à la nourriture et à l'eau, ainsi qu'à la violence basée sur le genre sous la forme d'un nombre croissant de femmes autochtones disparues et assassinées. Il est inacceptable que le droit de vivre dans la dignité ne soit pas conféré à toutes et tous de manière égale. Comme le déclare Femmes autochtones du Québec, le gouvernement Legault doit agir maintenant pour reconnaître officiellement le racisme systémique comme un problème partout au Québec.

Le racisme systémique anti-autochtone est un problème partout au Canada. Tel qu’indiqué dans le rapport intitulé « Ignoré à mort: le racisme systémique dans le système de santé canadien » :

 

«Les discours racistes imprègnent la société canadienne, y compris dans la conscience des infirmières, des médecins, des travailleurs sociaux, des commis d'unité et des réceptionnistes. De nombreux canadiens continuent de croire au mythe selon lequel la mauvaise santé, la maladie, les blessures et la mort sont souvent de leur propre faute. On comprend mal les déterminants sociaux de la santé et le rôle que l’histoire de la colonisation, de l’oppression culturelle, des disparités socioéconomiques, de la discrimination, du racisme et de la culture organisationnelle occidentale a sur la santé des peuples autochtones. »

 

Répétons son nom: Joyce Echaquan. Pour reprendre les mots de son mari, Carol Dubé, «il n’y a pas d’être humain qui mérite de mourir dans l’indignité, l’humiliation et la peur.»

Exigeons toutes et tous #JusticePourJoyce et la fin du racisme systémique. La solidarité est un processus continu et elle n'a de sens que si elle est soutenue par des actions de fond qui ne sont pas de nature performative. DAWN Canada ainsi que l'ensemble de la communauté des personnes en situation de handicap ne font pas assez pour centrer les femmes autochtones en situation de handicap dans notre activisme. Nous avons collectivement beaucoup d'apprentissage et de désapprentissage à faire et il est de notre responsabilité d'être de meilleurs allié-es dans la lutte contre les oppressions auxquelles les femmes autochtones en situation de handicap sont confrontées.

Pour en savoir plus sur les façons d'aider la famille, la nation Atikamekw et des ressources sur la colonisation et le racisme anti-autochtone au Canada et au Québec :

 

Pour aider la famille de Joyce Echaquan: 

https://www.gofundme.com/f/justice-pour-joycejustice-for-joyce

 

Pour soutenir et en savoir davantage sur la communauté Atikamekw de Manawan:

Centre d’amitié autochtone de Lanaudière

Conseil des Atikamekw de Manawan

 

Ressources et autres lectures:

Le rapport final de l'enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées

La Commission d'enquête publique sur les relations entre les peuples autochtones et certains services publics du Québec

Ignoré à mort: le racisme systémique dans le système de santé canadien (en anglais seulement)

#UnitedForJoyce: Lettre ouverte à François Legault Premier ministre du Québec

La Trousse d’outils pour les alliées aux luttes autochtones du Réseau de la communauté autochtone à Montréal:

En Français: http://reseaumtlnetwork.com/wp-content/uploads/2019/02/Trousse.pdf

En Anglais: http://reseaumtlnetwork.com/wp-content/uploads/2019/04/Ally_March.pdf