16 novembre 2021

Comme nous nous souvenir

De qui nous nous souvenons et comment nous nous en souvenons est important en ce jour du Souvenir

Chaque jour du Souvenir, nous prenons un moment pour nous remémorer. Ma famille le fait depuis que je suis enfant. De mon grand-père, Bertram Brayton, qui a reçu la Croix de Victoria quand j’étais jeune. De mon père, Frank Brayton, qui a été enterré lui aussi à Soldier’s Field, il y a un peu plus de 20 ans, ici à Montréal. Je croyais, et je crois toujours qu’ils ont revêtu leur uniforme pour nous, pour notre liberté et nos droits.

Cependant, au cours des dernières années, l’absence au Canada d’une journée pour honorer les autres personnes qui défendent les droits et libertés en y consacrant leur vie, mais qui ne portent pas l’uniforme, me dérange. 

Notre ancienne présidente, Carmela Hutchison, était une fière vétérane elle aussi, tout comme son mari, Bob Hutchison. Carmela a passé sa vie à servir les autres et elle l’a fait fidèlement à titre d’infirmière dans l’armée. Mais c’est à titre de présidente de notre organisme, mais aussi de présidente du Réseau national pour la santé mentale et du Alberta Network for Mental Health, et de membre du comité local d’Handy Bus, du Conseil des Canadiens avec déficiences et du comité de planification des mesures d’urgence de la ville de Airdrie, Alberta, pour n’en citer que quelques-uns, que Carmela a servi avec conviction en faveur des droits de la personne pour nous et qu’elle a donné jusqu’à ce qu’elle n’ait plus rien à donner. Carmela y a donné sa vie et elle est morte beaucoup trop jeune. Alors, aujourd’hui, c’est aussi d’elle que nous nous souvenons.

Le Canada a enfin sa Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, et heureusement, cette année, la Journée des vétérans autochtones a été mise en valeur. Les coquelicots à perles fabriqués par des artisans autochtones sont un magnifique symbole durable pour rendre hommage à chaque âme à qui ils sont destinés.   

L’une de nos jeunes leaders féministes préférées, Megan Linton, a publié un article sur la source des coquelicots vendus par millions partout au Canada pour soutenir nos anciens combattants. Il a été publié la semaine dernière et j’y pense encore.  

Cette année, pour la première fois de ma vie, je n’ai pas cherché un magasin où je pourrais acheter quelques-uns de ces coquelicots « officiels ». Ceux-ci sont fabriqués à la main par des personnes incarcérées qui ne reçoivent au mieux que quelques sous pour chacun d’entre eux. Ces personnes incarcérées sont des personnes emprisonnées, mais aussi des personnes handicapées. Un examen plus approfondi de l’article de Megan révèle la longue et sombre histoire du coquelicot et sa contribution pour perpétuer les notions capacitistes de productivité en lien avec les personnes handicapées (d’abord les anciens combattants, puis les personnes étiquetées avec une déficience intellectuelle) ainsi que les systèmes coloniaux d’oppression, de dévalorisation et d’incarcération des personnes noires et brunes. 

Dans le Financial Post, un article décrit sur un ton empreint d’enthousiasme le succès de la chaîne d’approvisionnement des coquelicots en incluant des généralisations négatives et abusives sur les prisonniers utilisant les coquelicots à des fins néfastes tout en cautionnant le recours au travail forcé pour les produire en échange de quelques sous par coquelicot.

Pouvons-nous plutôt imaginer un jour du Souvenir sous le signe de la réconciliation qui cesserait de parler uniquement des anciens combattants et inclurait la mémoire des personnes qui se sont sacrifiées pour nos droits et qui ont consacré leur vie à les protéger? Pouvons-nous arrêter de soutenir un symbole d’oppression en plastique qui nuit à l’environnement? À la place, pouvons-nous nous tourner vers notre communauté autochtone où chaque coquelicot est fabriqué avec soin et respect pour les anciens combattants autochtones et non autochtones et qui rend également honneur au travail des artisans qui les fabriquent?

 

DESCRIPTION: Novembre est le mois de sensibilisation au handicap autochtone au Canada #IDAM2021 Logo de DAWN Canada avec son colibri mauve au ventre et aux ailes jaune-rouge auburn. Logo de British Columbia Aboriginal Network on Disability Society (BCANDS) avec des œuvres d'art autochtones en or.