27 février 2023

Futures Noir.e.s

Tamara Angeline Medford-Williams

par Tamara Angeline Medford-Williams

Noir, c’est ainsi qu’on me décrit, mais je suis plus que ma couleur de peau.   

Le terme « noir » est devenu notre identité culturelle, mais pour moi, c’est aussi le rappel d’une origine inconnue qui a été arrachée comme des feuilles blanches dans un livre sans nom.   

Notre société, qui est intrinsèquement ancrée dans le racisme anti-Noir, dépeint l’histoire des Noir.e.s dans les médias avec des représentations de pieds enchaînés et de chiffons en guise de vêtements, et rappelle aux membres de la diaspora africaine d’une histoire qui continue de nous accabler avec les vestiges d’un passé colonial. Pourtant, notre histoire n’a pas commencé par l’asservissement.   

Notre peau noire représente la royauté. Elle raconte des histoires de guerriers, de matriarches et de royaumes d’or et de diamants qui ont ouvert la voie à la pensée, à l’architecture, aux arts et à la culture contemporains. Pourtant, les personnes Noires sont ce qu’ils ont démonisé.   

Notre négritude a été déshumanisée afin de qualifier certains groupes de « supérieurs », mais s’il en était ainsi, des communautés n’auraient pas été privées de leurs droits, déplacées et opprimées pour que d’autres se sentent distinguées. Néanmoins, notre spiritualité et notre lien avec les uns aux autres et le monde naturel nous ont montré et appris que nous sommes humains et que nous méritons l’amour, le respect et la dignité.   

Le noir est l’absence de lumière, mais même dans l’obscurité qui nous est imposée, nous voyons, nous ressentons et nous avons du savoir. Nous savons que, malgré les épreuves et les tribulations auxquelles nous avons été confrontés et que nous continuons à surmonter, nous sommes appelés à la grandeur.    

En tant que femme Afro-Caribéenne, le Mois de l’histoire des Noir.e.s représente la connexion, la résilience culturelle et la guérison collective. Plus important encore, c’est le moment de réorganiser la structure sociétale dans laquelle les communautés et les individus Noirs sont placés et de se lancer dans un voyage de vérité.   

La couleur noire est synonyme d’honnêteté : il s’agit d’être franc et ouvert à propos de notre oppression. Nos homologues autochtones sur ces terres volées connues sous le nom de l’Île de la Tortue vive un traumatisme qui ressemble au nôtre, mais malgré cela, le racisme intériorisé et le néocolonialisme ont pacifié le sentiment d’obligation et de responsabilité que nous avons envers la vérité.   

La vérité est que, en tant que Noir.e.s, nous avons le devoir collectif de résister aux systèmes sociopolitiques qui perpétue l’oppression et l’inégalité. Notre histoire noire éclaire notre avenir et, pour parvenir à la libération, nous devons exprimer et agir en solidarité avec les actions de souveraineté autochtone, ainsi que de travailler vers la justice sociale.   

La couleur noire représente une lutte pour un changement fondamental et transformateur; un changement qui doit venir de nous-mêmes.   

Nous sommes les rêves de nos ancêtres ainsi que l’espoir de nos descendants. En tant que personnes Noires, nous devons faire comme ceux qui nous ont précédés et continuer à assumer et ressentir la douleur du passé afin de pouvoir la transformer pour le bien social.    

Continuons à travailler avec diligence pour apporter le changement que nous espérons voir, pas seulement pendant un mois de l’année, mais pour l’éternité. Ainsi, alors que ce Mois de l’histoire des Noir.e.s touche à sa fin, il est temps de chercher au plus profond de nous-mêmes et de nous demander : « Que vais-je faire aujourd’hui pour que nous ayons tout un avenir meilleur ? » 

 

Tamara Angeline Medford-Williams est Directrice des initiatives de la communauté Noire à DAWN Canada. Elle est travailleuse des services sociaux et communautaires. Elle à cœur de servir son prochain. Ses expériences vécues l'ont conduite sur un chemin de découverte de soi et de guérison, et ont guidé sa trajectoire académique et professionnelle. Son objectif est de continuer à servir les individus, les communautés et les organisations en offrant des services qui sont fondés sur des cadres anti-oppressifs, intersectionnels et culturellement sensibles.