L’influence de mon patrimoine culturel et de mon expérience de la guerre sur mon plaidoyer pour la défense des droits des personnes en situation de handicap

17 février 2025

par Christine Nirere

Le fait d’être née et d’avoir grandi dans un pays situé au cœur du continent africain où, comme chacun sait, l’on accorde une grande importance aux valeurs familiales, a été l’un des principaux moteurs de mon désir de prendre soin des autres.

Dans une perspective africaine, la famille ne se limite pas aux parents et aux frères et sœurs. À la naissance, chaque individu devient membre d’une communauté plus large, que l’on désigne également sous le vocable de famille élargie. Plus la famille est élargie, plus elle inspire le respect, la fierté et la sécurité.

Avoir une famille signifie avoir autour de soi des personnes qui se soucient de ce que nous sommes, qui nous guident, nous conseillent et nous soutiennent lorsque nous en avons besoin. C’est dans un tel environnement que je suis née et que j’ai grandi. Le sentiment était extraordinaire, mais il s’est malheureusement dissipé lorsqu’à la fin de ma vingtaine, la guerre a éclaté et m’a tout pris.

Alors que j’étais entourée d’une famille et d’amis chaleureux et attentionnés, je me suis retrouvée pieds nus, seule en sol étranger. Et personne ne se souciait plus de moi!

Dans ma lutte pour la survie en tant que jeune femme et plus tard en tant que mère célibataire, je me suis souvenue de ces jeunes filles que je voyais errer seules dans les rues de ma ville natale parce qu’elles n’avaient pas de famille et qu’elles n’avaient nulle part où aller.

Je ne m’en souciais guère à l’époque, mais aujourd’hui je comprends à quel point elles étaient désespérées. Dans les camps de réfugiés, de nombreuses jeunes filles qui avaient perdu leur famille ont été contraintes de vivre une vie qu’elles n’auraient jamais souhaitée, parce que la plupart d’entre elles n’étaient pas instruites ou parce qu’elles n’avaient personne pour s’occuper d’elles. C’était injuste, vous ne trouvez pas?

La reconnaissance des combats de ces jeunes femmes et de mes propres expériences a déclenché en moi un vif sentiment d’humanité et un fort désir d’aider les autres, de contribuer de toutes mes forces à redonner de l’espoir à celles et ceux qui n’en ont pas ou qui l’ont perdu.

Les survivantes et les survivants de la guerre souffrent souvent de troubles émotionnels. Divers traumatismes, la peur du lendemain et la solitude ont été quelques unes des émotions secondaires dont j’ai souffert pendant un certain temps et qui m’ont conduite au désespoir et à la dépression.

Des services de counseling m’ont été offerts, mais ce sont mes racines africaines et mes croyances chrétiennes qui ont façonné mon parcours de guérison d’une manière très particulière. En tant que chrétienne, j’ai compris – assez rapidement d’ailleurs – que les œuvres de Dieu étaient formidables et que j’étais une femme redoutable et merveilleuse. Cette puissante vérité est devenue le fondement de mon identité. J’étais convaincue que mon créateur m’aimait et prenait soin de moi et que rien ni personne ne pouvait m’enlever cet amour. C’est une réalité qui m’a donné de l’espoir, a renforcé mon moi intérieur et a marqué le début de mon parcours de guérison.

Le fait de savoir que je suis une créature unique m’a amenée à considérer les autres comme tels, quels qu’ils soient. Il a implanté en moi ces valeurs pieuses d’amour et d’humanité qui m’amènent à croire que chaque personne doit être considérée comme unique et qu’elle mérite d’être aimée, respectée, traitée avec dignité. Cela comprend les personnes en situation de handicap.

En outre, en tant que gestionnaire des finances chez DAWN Canada, j’apporte mon soutien à l’équipe forte et passionnée de cette organisation qui poursuit la grande mission de lutter pour les droits des filles et des femmes en situation de handicap, ce qui me rend très fière.

En tant que femme noire africaine, les obstacles systémiques tels que le racisme, le rejet et la discrimination sont quelques uns des défis que j’ai rencontrés au cours de mon long voyage depuis mon pays d’origine jusqu’au Canada. Le fait d’être sous estimée a également été un défi auquel j’ai dû faire face, en particulier sur le plan professionnel.

Par chance, au cours de mon parcours de guérison, j’ai compris que mon identité n’était pas définie par la couleur de ma peau ou par le nombre de mes amies et amis. Je crois que je suis belle et très intelligente à ma façon. Au cours de ce long parcours, j’ai appris à me battre pour ce en quoi je crois et à ne jamais renoncer à mes convictions profondes, ce qui m’a beaucoup aidée.

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